Page:Froissart - Œuvres de Froissart, Chroniques, Tome 1, 1873.djvu/474

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d’armes en la meilleure maniere que je pourray, car c’est drois que chascuns en recorde le bien là où il n’y a point de mal, à tous hommes d’armes qui soit. Là où il n’y a reproche, il n’y peut avoir nul mal fors que bien, et pour ce prie-je Dieu qu’il me doint manière et matière de en parler tousjours en bien.

Si dirons premier d’une manière de gens d’armes qui bien sont à loer selon le fait d’armes, dont leur volenté est d’entremettre. Ce sont li aucun qui ont bon corps sain et appert, et qui se tienent nettement et joliement, ainsi comme il affiert bien à joeune gent dous et courtois et de bonne manière entre la gent, et de nulles males oevres ne se veulent entremettre. Mais pour le fait d’armes de joustes sont-il appert comme il veulent, et pou scèvent feste ou emprise de jouster, que à leur povoir n’y soient ; et se bien leur en chiet que le plus souvent les forjoustent ou sont en débat d’avoir le pris. Et pour ce que Dieu leur a donné tele grâce de eulx si bien gouverner en celui fait d’armes, le prennent-il si à gré que ils en délaissent et entre-oublient les autres mestiers d’armes ; mais toutevoies est li mestier bon et bien avenant à faire et bel à regarder. Et pour ce dis-je qu’il est bien de le faire pour celi qui le fait, quant Dieu lui en donne tele grâce du bien faire ; car tuit fait d’armes sont bien à loer à tous ceulx qui bien y font ce qu’il y appartient de faire. Car je ne tieng qu’il soit nul petit fait d’armes, fors que tous bons et grans, combien que li un des fais d’armes vaille miex que li autre. Et pour ce di-je que : ’’qui plus fait, miex vault’’.

Dont de l’autre nous estuet parler, auquel tout plain de gens d’armes entendent à faire leur corps : ce sont les fais des tournoiemens. Et vraiement il sont bien à loer et priser : car il convient grans mises, grans estofes et grans despens, travail de corps, froisseures et bleceures et péril de mort aucune fois. Et pour cesti fait d’armes en y a aucuns qui, bon corps qu’ils ont fort et appert et délivre, le font si très-bien qu’ils ont en ce mestier grant renommée pour leur bien fait, et dont pour ce qu’il le font souvent, et bien leur en croist leur renommée et leur