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Page:Froissart - Œuvres de Froissart, Chroniques, Tome 1, 1873.djvu/477

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faire leurs corps en alant hors de leur pays et en plusieurs manières qui toutes sont bonnes et honorables, combien que les unes vaillent miex des autres.

Si dirons de ceulx qui entendent leurs corps à faire par grant emprise d’entreprendre à aler en lointains voiages et pélerinages et en plusieurs pays estranges et lointains, et moult d’estranges choses et diverses pévent veoir, dont autres gens qui point n’aroient hors esté, s’esmerveilleroient pour les merveilles estranges et diverses choses que racontent et dient ceulx qui les ont veues, et envis le pèvent croire, et s’en moquent li aucun et dient que c’est tout bourde. Et il doit sembler à toutes gens de bien que cils qui ont veu teles choses, en pèvent et doivent miex parler et dire la vérité que ceulx qui n’y veulent ou osent aler ; ne nuls ne doit, ne peut dire par raison qu’ils bourdent, s’il n’ont esté là. Et pour ce devons-nous tels gens qui ainsi ont esté en lointains et estranges voiages, volentiers oïr, veoir et honorer ; car vraiement nuls ne peut aler en tels lointains voiages que le corps ne soit en péril maintes fois ; et pour ce devons-nous tels gens d’armes honorer, qui à grant mise et à grant travail et en grant péril se mettent en aler et en veoir les lointains pays et estranges choses, combien que, à la vérité dire, toutes gens qui mettent leur entente à faire lointains voiages outre ceulx qui sont acoustumés et qui tousjours veulent aler pour veoir nouvelles et estranges choses et pou arrestent, ne pèvent mie se trouver, ne estre ès fais d’armes si communément comme sont autres qui si très-lointains voiages ne quièrent mie et qui plus s’arrestent et attendent les fais d’armes de guerre. Et bien puet estre que en faisant les lointains voiages leur en peut avenir aucune bonne aventure, mais non mie si souvent ; car en tout plain de pays peut-l’en aler où l’en n’oseroit porter nuls harnois de guerre, ne aler en estat d’omme d’armes, mais comme pélerin ou en estat de marcheant. Et pour ce est-il semblant à aucuns que l’en n’y voie pas si souvent les fais d’armes comme l’en les pouroit veoir et trouver en autre manière. Toutevoies doit-l’en bien prisier et