Page:Froissart - Œuvres de Froissart, Chroniques, Tome 1, 1873.djvu/491

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ce mestier d’onnour ne puet durer tant comme l’en voudroit, si se doit l’en aler jouer, bourder, parler et escouter et demander de ce que l’en ne scet avecques les meilleurs que l’en puisse trouver ; et en teles bonnes compaignies fait bon hanter souvent, que moult en y a qui pour les chetives compaignies qu’ilz ont amees et pour les chetifs conseulx qu’ilz ont euz et creüz, que li aucun grant homme en sont si achaitivez et de cuer et de maniere que aucune foiz en perdent les corps ou honnour ou paÿs ou l’amour de leurs subgiez, et autel est il des moiens a un chascun selon leurs estas. Dont doit il sembler a un chascun que c’est le plus beau jeu qui soit que d’estre souvent en bonne compaignie et loing des chaitis et des chaitives oevres dont nulz biens ne peuent avenir. Encore nous enseignent li bon dessus dit que combien que a toutes gens d’estat appartient bien a amer les deduiz des chiens et des oiseaux, c’est a entendre que l’en ne laisse de riens a faire ne a travailler en nulle chose qui a l’onneur de son corps faire puisse toucher en la plus petite heure du jour ne de la nuit qui puisse estre ; car la plus chiere chose qui soit a perdre, c’est le temps qui passe, qui ne se puet recouvrer ne plus retourner ; et il puet escheoir en une heure d’acquerir telle honnour que en pourroit bien faillir a le trouver en un an ou jamays. Et pour ce, vous qui querez celui haut honnour, gardez que vous ne perdez temps, que ce vous seroit trop grant perte. Et certes qui a cestui haut honnour veult avenir, il ne se puet ne ne doit excuser, que se li corps li demeure sain et il vit son aage soufisaument qui ne le doie avoir puis qu’il vueille faire ce qu’il y appartient et qui pourroit bien faire se en lui ne demeure. Si n’en doit on nulz avoir pour excusez se essoine de corps ou de mise ou de bonne volenté. Et pour ce devez vous estre certains que il n’est nulz qui se puisse ne doie excuser de faire bien s’il veult, un chascun selon son estat, les uns selon les armes, les autres selon la clergie, les autres selon les choses seculieres. Dont il appartient a un chascun de soy entremettre es choses et besoignes neccessaires, que ceulx qui bien y font sont a prisier et a loer, un chascun selon son estat et selon