Page:Froissart - Œuvres de Froissart, Chroniques, Tome 1, 1873.djvu/501

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car li bon dessus dit vous enseignent qu’il ne doit souvenir a bon homme de ce qu’il a donné, fors tant seulement quant cilz a qui il l’a donné l’en fait souvenir pour le bon guerredon qu’il en rent. Encores vous devez garder d’estre mal renommés en vos viellesces d’escharceté, car quant plus vous aurez donné, donnez encores plus, que quant plus vous aurez vescu, moins aurez a vivre. Et vous gardez souverainement de vous enrichir du domage des autres, mesmement de la povreté des povres, que mieulx vault nette povreté que desloyal richesce. Encores vous enseignent li bon dessus dit que vous devez tenir voz amis en tele maniere que vous ne doiez doubter qu’il ne deviengnent vostre ennemi, que vous devez penser que tant comme vous tendrez vostre secret en vous, il est touz jours en vostre puissance ; et si tost comme vous l’aurez descouvert, vous demourrez en son dengier. Et se descouvrir le vous convient, si vous en descovrez a vostre loyal ami, et vostre maladie descouvrez au loyal mire. Encore vous enseignent li bon dessus dit que en alant dessus voz ennemis et pour eulz encontrer, que en voz cuers n’aiez jamaiz pensee que vous doiez estre desconfit, ne comment vous serez pris, ne comment vous vous enfuirez, mes aiez les cuers fors et fermes et sceürs et touz jours en bonne esperance de vaincre et non mie d’estre vaincus, soit au dessous ou au dessus, que comment qu’il soit ferez vous tous jours bien pour la bonne esperance que vous aurez ; car moult en y a qui se retraient, que s’il demourassent et en feissent ce qu’il peussent, ce pourroit estre a la desconfiture de leurs ennemis, et d’aucuns qui sont pris assez legierement, que se il feissent ce qu’il peussent bien faire, que ce fust a la grant perde de leurs ennemis. Et pour ce devez vous avoir touz jours en touz estas ferme volenté de faire le meilleur, et souverainement droite, ferme esperance que de Dieu viengne et que Dieu vous aide, non mie de vostre force ne de vostre sens ne vostre puissance, fors que Dieu tant seulement, que vous veez assez souvent que par les moins