Page:Froissart - Œuvres de Froissart, Chroniques, Tome 1, 1873.djvu/513

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grant chemin pour aler les santiers et puis se forvoient, tout autretel est il que de leur grant subtilleté perdent a ouvrer du droit bon sens naturel. Et pour ce n’est ce mie tout le bien de sens que l’en pourroit bien avoir que de mettre s’entente en tres grans subtillitez. Se en y a d’aucuns lesquelz un chascun doivent tenir a saiges : ce sont ceulz qui a leurs commancemens mettent paine et diligence de cognoistre qu’est miex a faire, et le bien et le mal, et ce qui est a faire de raison, et pour ce qu’il ont cognoissance qu’est a faire au contraire de la raison, se prennent eulz a gouverner eulz mesmes sagement, loyaument et seurrement et tout droit. Et s’il ont a faire a autruy, ytelles gens ne demandent point le droit d’autruy, mais le leur veulent garder souverainement et leur honnour aussi. Et encores ycelles genz scevent bien conseillier autruy loyaument et sagement. Et ycelles genz euvrent partout de bon sens sanz nul mauvais malice et non pas par ses tres grans subtilletez et sanz nul malvais reproche. Yceuls doit l’en tenir vrais saiges, et telx sens est bon de quoy l’en use bien en tout.

Or vient a parler de celles bonnes genz d’armes que l’on tient a preux, dont il en y a d’aucuns qui sont bons de la main, hardis et apers, mais leur maniere de besoingner ou mestier d’armes est touz jours eue tele que quant il sont sur les besoignes faire, il n’y regardent profit, ne avantage pour leurs amis, ne a la grant grevance de leurs ennemis, mais sanz conseil donner ne prendre fierent des esperons et a po d’arroy, et font d’armes assez de leur main et moult de fois plus a leur domage que a leur profit, mais de l’onneur de la main font il assez, et en ceste maniere se sont il trouvez en plusieurs bonnes journees sanz autre estat ne maniere de le faire. Mais contre l’onnour de hardiesce ne leur peut l’en rienz reprouver. Et a ceuls qui tant de bonnes journees ont veües et esté aidant de si bon ouvrage de la main et de leurs corps comme il y ont fait, l’en les doit bien appeller preux, combien que, quant a estre preus a droit, l’en y pourroit encores miex faire.

Si en y a encores d’autres bonnes gens d’armes et que l’en