Page:Froissart - Œuvres de Froissart, Chroniques, Tome 1, 1873.djvu/522

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bien faire les corps honoreement et vassaument et a sauver les ames, que quant les fais d’armes des guerres deuement encommanciees et les batailles qui s’en ensuient, ainsi comme se lurs seigneurs ont guerres, leurs subgiez peuent et doivent guerrier pour eulz et entrer seurement et hardiement pour cestes causes en batailles, que se l’en le fait bien, les corps sont honorez, et se l’on y meurt, les anmes sont sauvees se autre pechié ne les en destournent. Et en oultre, se aucun de son sanc l’on vouloit desheriter ou pour grant neccessité de leur honnour garder, encores en cele neccessité peut l’on entrer en guerres et en batailles seurement pour les corps et pour les ames, car li cas loist de le faire et est de neccessité. Encores, se aucun vouloient oster l’onnour ne l’eritage de povres pucelles ne de povres femmes vesves, et autrement ne les peust l’en destourner de ce sanz guerre ou bataille, l’en y doit entrer seurement et pour les corps et pour les ames sauver, et tout en autele maniere pour povres orphelins et orphelines. Et encores par meilleur raison peut l’on guerroier et entroir en batailles, un chascun endroit soy, pour son honnour deffendre et pour son heritage, qui autrement ne s’en pourroit deffendre, et seurement pour les corps et pour les ames. Encores pour les droiz de Sainte Eglise garder et maintenir, l’on n’y doit espargnier a y mettre les corps pour les deffendre par guerres et par batailles, se autrement ne les peut l’on avoir. Et qui ainsi le fait, il fait l’onnour de son corps et le sauvement de s’ame grandemant. Encores qui fait guerre contre les ennemis de la foy et pour la crestienté soustenir et maintenir et la foy de Nostre Seigneur, ycelle guerre est droite, sainte, seüre et ferme, que les corps en sont sainctement honorez et les ames en sont briefment et sainctement et senz paine portees en paradis. Ceste guerre est bonne, que l’on n’y peut perdre ne les corps ne les armes. Si ne doit l’on rienz doubter ycelles guerres dessus dictes qui de grant neccessité et a leur droit garder sont encommanciez, mes que elles soient maintenues et gouvernees en tele maniere que l’on soit touz jours en tel estat de concience que l’on ne doubte point ne doie doubter