Page:Froissart - Œuvres de Froissart, Chroniques, Tome 1, 1873.djvu/527

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en l’ordre de mariage vivent liemant et plaisaument.

Or pourroit l’en parler ensuiant des saintes ordres de religion, que en trois manieres y pourroit l’en entrer. Premierement, quant l’on y entre si joennes que l’on n’ait encores nulle cognoissance de pechié ne du monde, et l’on y entre de ce temps et de cel aaige, si se nourrissent en l’ordre et mieux le doivent prendre en gré, et par raison se doivent miex porter et selon les poins de religion et les garder. Si en pourroit avoir d’aucuns qui longuement se sont tenuz et cogneu le monde et mené des honestes vies et moult de foiz et longuement, et puis si se veulent mettre en religion et de legiere volenté, sanz avoir grant devocion. Dont leur est il moult grief chose a tenir et mener les droites voies et les poins et les regles qui es religieux appartiennent de mener, et a envis le veulent faire. Et bien en a l’on veü de telx et plusieurs qu’il vausist de mieux es religions que teles genz n’y fussent ja entrez, que telx religieux font et donnent grans diffames es religions et es bons religieux par les tres deshordenees vies et deshonestes que telx tres desordenez religieux mainent. Yceus ont l’ordre mais ne sont mie religieux. Si en y a d’aucuns, quant il sont sur leur aaige et qu’il ne peuent plus travaillier au monde, si se mettent et rendent en religions pour y finer leurs jours plus sainnement pour les corps et pour les armes, et ainsi est bien. Dont peuent et doivent les bons religieux vivre ordeneement et saintement. Si pourroit l’en bien et devroit tenir que es trois ordres dessus dictes pourroit et devroit appartenir et pour le meilleur a y entrer joennes en religion, jeunes en mariage et joennes en l’armeure et en chevalerie.

Si pourroit l’en encores parler briefment de la plus digne ordre qui soit : c’est ordre de prestre. Et en cest ordre est au contraire des autres dessus dictes pour y entrer joennes, que nulz n’y doit entrer se en sa joennesce n’aprent son service que il convient qu’il aprengne et sache tres bien, que moult en y a qui s’i mettent si joenne qu’il ne scevent rienz ne ne s’entendent, dont c’est moult de foiz tres grant perilz. Et moult en y a qui