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LIVRE II.

voient les parties retourner, ou commis pour eux qui auroient pleine puissance de paix faire ou de attrieuver les royaumes et pays dessus nommés.

De toutes ces choses furent levées et prises lettres authentiques et instrumens publiques à tenir et accomplir tout ce loyaument ; et jurèrent les seigneurs les choses dessus dites à non enfreindre.

Ainsi se départit ce parlement ; et retournèrent les seigneurs de France en France, et ceux d’Angleterre à Calais ; et le duc de Bretagne s’en retourna en son pays ; et le comte de Flandre vint à Saint-Omer et là se tint-il : si lui prit assez tôt après une maladie de laquelle il mourut[1]. Si fut ordonné qu’il seroit mis et enseveli en l’église Saint-Pierre de Lille. Et trépassa de ce siècle le comte de Flandre l’an de grâce mil trois cent quatre vingt et trois, le vingt huitième jour du mois de janvier[2], et fut apporté à Los l’abbaye de-lez Lille ; et aussi y fut rapportée la comtesse sa femme[3] qui trépassée étoit cinq ans par avant en la comté de Rethel ; et furent ensevelis ensemble en l’église de Saint-Pierre de Lille.

Or vous en veuil-je recorder l’ordonnance comme elle fut.


CHAPITRE CCXVII.


Ci raconte l’ordonnance qui fut à l’obsèque du comte Louis de Flandre et de la comtesse sa femme.


Ci s’en suivent les ordonnances du comte de Flandre et de la comtesse sa femme, dont les corps furent apportés à Loz une abbaye de-lez Lille. Et quand ils durent entrer en Lille, grand’foison de seigneurs de Flandre, de France, de Hainaut et de Brabant y furent, la vesprée de l’obsèque, à venir de la porte des Malades et à apporter le corps parmi la ville jusques à l’église Saint-Pierre. Je vous dirai ceux qui y furent armés pour la guerre et les écuyers qui les menoient.

Et premiers : messire Jean de Hallewyn le plus prochain du corps, mené de Enguerrant de Vallenne et de Rogier de l’Espiere ; le seigneur de Marcq devant le seigneur de Hallewyn, mené de Henry de Lambel et de Jean de Goumer ; le seigneur de Mamines devant le seigneur de Marke, mené de Jean de l’Espiere et de Sauset de Fretin ; messire Jean du Moulin devant le seigneur de Mamines, mené de Godefroy de Noyele et de Henry de la Vacquerie.

Item s’en suivent ceux qui furent ordonnés pour le tournoy.

Messire Pierre de Bailleul prochain du corps devant messire Jean du Moulin, mené de Jean de Quinghen et de Lambequin le maréchal ; messire Sohier de Gand devant messire Pierre de Bailleul, mené de Guiot de Lompré et de Jean Léonis ; le seigneur de Bethencourt devant messire Sohier de Gand, mené de Gérard de Quinghen et de Rollant d’Ysenghien ; monseigneur l’Aigle de Sains devant le seigneur de Bethencourt, mené de Huart de Quinghen et de Michel de la Bare.

Après s’en suivent les bannières de la bière.

Et premier : messire François de Havesquerque ; et puis messire Gossuin le Sauvage derrière messire François de Havesquerque ; messire Lancelot la Personne derrière messire Gossuin le Sauvage ; messire Jean de Halle derrière messire Lancelot la Personne.

Item s’en suivent ceux qui portèrent les bannières de la bière et du tournoy ;

Messire Mathieu de Humières devant messire Jean de Halle ; le seigneur des Obiaulx devant le dessus dit messire Mathieu ; messire Tiercelet

    style (1384, nouveau style) jusqu’au 1er  octobre 1384. De nouveaux commissaires nommés par les rois d’Écosse, d’Angleterre, de France et de Castille, prolongèrent cette trève jusqu’au premier mai 1385. On trouve aussi cet acte dans Rymer. Parmi les commissaires casiillans on trouve Pero Lopes de Ayala, sénéchal de Guipuzcoa et seigneur de Sauveterre, père du chroniqueur Fernan Lopes de Ayala.

  1. Quelques auteurs prétendent que le duc de Berri le tua d’un coup de poignard, parce qu’il exigeait qu’il lui fit hommage du comté de Boulogne qu’il possédait du chef de sa femme.
  2. 1383, ancien style, ou 1384, nouveau style.
  3. La comtesse Marguerite, de laquelle il eut une fille, Marguerite de Flandre, qui fut sa seule héritière. Ses onze autres enfans étaient bâtards. C’était : 1o Louis, dit le Haze, tué à la bataille de Nicopolis, en 1396 ; 2o Louis, tige des seigneurs de Praet ; 3o Jean, dit sans terre, tige des seigneurs de Drinkeham ; 4o Robert, seigneur d’Everdinghe ; 5o Pierre dit Pieterkin ; 6o Victor d’Urselle ; 7o Charles, seigneur de Grutersalle ; 8o Marguerite, mariée à Florent de Maldeghem, puis à Hector Werchoute, et enfin à Sohier de Gand ; 9o Jeanne, mariée à Rober Tincke ; 10o Maguerite, mariée à Robert, seigneur de Waurin.