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DU QUATORZIÈME SIÈCLE.
Envéoit [il] (d’envoyer). — Pas n’y venoit, ni apparoit, ni envéoit.
Envieillir (vieillir). — C’est dommage que un tel prince envieillist ni muert.
Environnément (autour, à l’environ). — Ils mirent le siége environnément.
Envis (malgré soi, invitus).
Envoisent et Voisent [qu’ils] (qu’ils aillent). — Que à lendemain au matin leur conseil envoisent sur la Tamise.
Épandre, Épardre (disperser). — La bataille étoit tout épandue. — Le conseil s’épardit.
Épautrer (écraser). — Boniface reversa de sa tête contre les carreaux de la chaussée et eut toute la tête épautrée.
Époron, Esporon (éperon).
Erraument (promptement).
Errer (se hâter). — Ils ne cessèrent de chevaucher et d’errer tant qu’ils vinrent.
Esbanoïer (égayer). — Et quand ils se furent esbanoïés ils s’en retournèrent à leurs hôtels.
Escacher, Escacier, Eschacier (chasser, poursuivre, bannir). — Il y avoit là le plus des eschacés de Grantmont.
Eschandel (scandale). — Dont grand eschandel couroit parmi le royaume.
Eschandeliser (scandaliser, divulguer). — Telles aventures sont tantôt eschandelisées et sçues.
Escharcement (peu). — Il y avoit assez escharcement de vivres.
Escharfaut (échaffaud). — Sur la rue avoit un escharfaut et sur l’escharfaut un châtel. — Et avoit sur l’un de lez des lices fait grands escharfauts pour les seigneurs voir la bataille des champions.
Escharguète, Eschauguète (poste).
Eschargueter, Eschauguéter (environner de sentinelles).
Eschars (économe). — Et fut en son temps le plus eschars que on sçut.
Eschellement (escalade).
Escheoir (tomber). — Ils eschéirent — Si tu eschiés ès mains de tes ennemis.
Eschever, Eschiver, Eskiever (esquiver). — Pour eschever les périls. — Il n’eskievoit nul homme.
Esclamasse (clameur). — Le roi vous hait pour l’esclamasse du peuple dont vous êtes trop fort accueilli.
Esclarcir (éclaircir). — L’écuyer du Portingal qui est ici a esclarci moult clèrement.
Escliper (embarquer). — Et esclipèrent en mer et singlèrent à pouvoir.
Esclisser (glisser). — Le fer du glaive esclissa à mont en coulant.
Esclistre (éclair).
Esclos (traces). Et suivit au pas les esclos de messire Pierre de Craon. — Jamais ils n’eussent suivi les esclos des Anglois. — Il suivit radement les esclos des Anglois.
Escondire (refuser). — Ce Bénédict n’escondissoit nulle grâce.
Escondit, Escondite (refus). — Nul escondit ne m’en pourroit ôter. Pour escondite que la dame en put et scut faire.
Esconser (coucher). À soleil esconsant. — Ils étoient esconsés entre arbres, où on ne les pouvoit voir pour les feuilles.
Esconvenue (défaite, déconvenue), — Lors commença à parler de la défaite et esconvenue de Juberot.
Escouir (agiter, secouer). — Et escouy son épée et la laissa aller.
Escourcir (couper, raccourcir). — Mais on leur escourcit leur chemin.
Escourgiée (verge, le même que Courge). Et le fit battre d’escourgiées.
Escran (ravage, le même que Cran). — Et feroient un si grand escran en Angleterre que jamais ne serait recouvré.
Escrier (avenir).
Escripre (écrire). — Or s’escrisent tous ceux qui aller y voudront. — Tantôt s’escrisirent chevaliers et écuyers. — Il escripvi. — Il escripvist. — Il escrisoit.
Escrutiner (examiner). — Qui veut bien escrutiner votre lignage, vous êtes du droit estoc de St. Édouard.
Escueillir (disposer, agiter). Les chrétiens sont escueillis à faire un grand fait. — L’un des piquenaires escuelt sa pique. — Ce comte Derby étoit bien escueilli de bouter un grand trouble en Angleterre.
Eshanché (estropié). — Dessous qui son cheval étoit eshanché.
Eshider (effrayer). — Si fut tout eshidé et à bonne cause. — Si en eut cette nuit grand’foison de noyés en l’Escaut, qui s’eshidoient et qui sauver se vouloient.
Eslai (élan). — Si s’élancèrent de plein eslai. — Et se boulèrent en eux de plein eslai. — Si se férirent en l’eau de plein eslai.
Esle, Èle, Elle, Hèle (aile). — Si eurent nos gens conseil de faire deux esles de bataille.
Esliescer (réjouir, mettre en liesce).
Esmay (effroi, émoi). — La bonne dame fut en grand esmay.
Esmayer [s’] et s’Esméer (s’effrayer).
Esmouver (exciter).
Espain (privé). — De toutes douceurs propices à leurs complexions, les François étoient tous espains.
Espaissement (d’une manière épaisse) — Les archers tiroient si ouniement et si espaissement.
Espardir, Espardre (disperser).
Esparse (peu peuplée, en parlant d’une ville). — Poitiers qui est moult esparse.
Esparsement (d’une manière éparse, confusément). — Et se logèrent les seigneurs esparsement.
Esparsin (confusion, dégât). — Ils espéroient faire grand esparsin. — Et firent un grand esparsin.
Espartir (répandre, partager). — Ces nouvelles s’espartirent.
Espès, Espesse (épais). — Je ferai par enchantement l’air si espès.
Espessement (d’une manière épaisse, pressée),
Espécial (spécial).
Espécialté, Espècialité, Espéciauté (particularité).
Espéciaument (spécialement).
Espie (espion).
Espoentable (épouvantable). — Une pestillence de mortalité très grande et très espoentable.
Espoir (peut-être). — Le roi de France espoir que vous n’avez pas bien en grâce, ni il vous, est mort, — Espoir accompagné de soixante chevaux. — Espoir n’y pourrez-vous retourner.
Espoire [je] (d’espérer). — Si comme je l’espoire. — J’espoire que demain nous aurons besogne.
Esponde (bord). — Et s’assied sur l’esponde de son lit.
Esprier (épervier). — Ils avoient fait venir chiens et oiseaux pour leurs déduits et espriers pour les dames.
Espringale (machine à lancer des pierres).
Esprohon (épervier). — Ainsi comme esprohons se boutent entre oisels gentils.
Espronner (éperonner).
Esquiffer (monter sur un esquif). — Quand ils furent esquiffés en la mer, le vent changea.
Esracher (arracher).
Esramie (envie). — Donc, ainsi que par esramie, tous ces seigneurs s’étoient cueillis en un grand désir de là venir.
Essanner (mettre hors de sens). — Il étoit tout essanné.
Essart (ravage). Le captal eût fait un grand essart en France.
Esseuler (être seul, isoler). — Comment le comte de Flandres se esseula.
Essielle, Esselle (échelle).
Essoinne (affaire, embarras). — Toutes paroles et essoinnes mises arrière.
Essaingner (perdre son sang).
Establer (mettre en étable, écuries, d’où connétables). — On ne savoit où chevaux establer. — Il ne demeura