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LIVRE I. — PARTIE II.

ni voulons que aucun préjudice se fasse à nous ni à nos hoirs et sujets, par quoi nous et eux pourrions et pourrons recepter, porter et tenir tous les bannis du royaume de France et affuis présens et à venir, nés et à naître, par quelconques causes et occasions que ce soit, par manière qui a été fait et accoutumé de faire au temps passé. Et soumettons, quant à toutes ces choses, nous, nos hoirs et successeurs, à la jurisdiction et cohercion de l’église de Rome, et voulons et consentons, tant comme à nous, que notre saint père le pape confirme toutes ces choses, en donnant monitions et mandemens généraux sur les accomplissemens d’icelles contre nous, nos hoirs eu successeurs, et contre tous nos sujets, soient communes, colléges, universités, ou personnes singulières quelconques ; et en donnant sentences généraux d’exeommuniement, de suspension et de interdit pour être encourues par nous et par eux, sitôt que nous ou eux ferons et attempterons, en occupant ville ou châtel et forteresse, ou autre chose quelconque faisant, ratifiant ou agréant, en donnant conseil, confort, faveur ou aide célément ou en appert, contre la dite paix et ces présentes alliances. Et avons fait semblablement jurer toutes les devant dites choses par notre très cher ains-né fils le prince de Galles, et nos fils puis-nés, Léonnel comte d’Ulnestre, Jean comte de Richemont, Aimon de Langley, et nos cousins, monseigneur Philippe de Navarre, et les ducs de Lancastre et de Bretagne, le comte de Stanfort, le comte de Saillebery, le seigneur de Mauny, Guy de Briane, Regnault de Cobehen, le captal de Buch, le seigneur de Montferrant, James d’Audelée, Roger de Beauchamp, Jean Chandos, Raoul de Ferriêres capitaine de Calais, Édouard le Despensier, Thomas et Guillaume de Fellefon, Eustache d’Aubrecicourt, Franke de Halle, Jean de Moutbray, Berthelemieu de Bruves, Henry de Percy, Nicole de Timbourne, Richard de Stanfort, Guillaume de Granson, Jean de Gommignies, Raoul Spigrenel, Gasconnet de Grailli et Guillaume de Bourtonne, chevaliers. Et ferons aussi jurer semblablement, au plutôt que faire pourrons bonnement, nos autres enfans et la plus grand’partie des prélats des églises, comtes, barons et autres nobles de notre royaume. En témoin de la quelle chose nous avons fait mettre notre scel à ces présentes lettres.

Données en notre ville de Calais, le vingt-quatrième jour du mois d’octobre, l’an de grâce, Notre Seigneur 1360.


CHAPITRE CXXXVIII.


Comment, après la lettre de confédération faite, le conseil du roi de France requit au roi d’Angleterre qu’il fit lettre de renonciation.


Quand cette lettre, qui s’appelle confédération et alliance entre le roi de France et le roi d’Angleterre, fut grossée et scellée sur la forme et manière que vous avez ouïes, ou la lut et publia devant les deux rois et tous leurs enfans et Conseil, qui là étoient présens.

Si sembla à chacun être belle et bonne et grand’conjonction d’amour et de paix. Adonc se trairent d’un lez le conseil du roi de France, et conseillèrent une longue espace ensemble sur les renonciations que le roi d’Angleterre devoit faire et avoit promis à faire, par le traité de la paix donné et accordé à Bretigny près de Chartres, lui venu à Calais. Quand ils en eurent parlé ensemble, ils se trairent devers le roi d’Angleterre et son conseil, le roi de France présent, qui avoit toujours parlé à lui tant que ses gens avoient conseillé ; et là requit l’évêque de Therouenne, chancelier de France et promu à être cardinal, au dit roi d’Angleterre, que il voulsist accomplir de point en point le dit traité de paix et tous les articles, à la cautelle du temps avenir. Le roi d’Angleterre répondit qu’il en étoit tout appareillé et tout désirant, mais que on lui dît de quoi et comment. Là fut apporté la dite charte de la paix et lue généralement ; et après ce, le conseil du roi de France requit que une charte semblable à cette, faisant mention pleinement des renonciations, fût grossée et scellée, pour mieux confirmer les ordonnances et apaiser toutes gens aux quelles la paix pouvoit toucher. Le roi d’Angleterre et son conseil l’accordèrent légèrement et volontiers. Donc furent les traiteurs et la plus grand’partie du conseil d’un roi et de l’autre mis ensemble ; et là fut une lettre jetée et puis écrite noblement, et grossée sur la date de la précédente alliance et confédération. Laquelle charte des renonciations dit ainsi :