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LIVRE III.

Boulogne et Calais ; et tant fut parlé, traité, et mené, qu’unes trèves furent prises, données et accordées, entre France et Angleterre. Et ceux qui s’ensoignoient de mener les traités étoient prélats, et hauts barons, et sages des deux royaumes : c’est à savoir de France et d’Angleterre ; et les avoient si approchées, qu’il convenoit qu’elles se fissent.

Or furent-elles prises entre les deux royaumes de France et d’Angleterre, et tous leurs ahers, conjoints et alliés, par mer et par terre, à durer fermement, sans dissimulation ni ombre nulle de mal engin, trois ans, entre toutes les parties. Si se tenoient à Boulogne les traiteurs pour celles trèves, de par le roi de France, l’évêque de Bayeux, le comte Wallerant de Saint-Pol, messire Guillaume de Melun, messire Nicolas Bracque, et messire Jean le Mercier : et en la ville de Calais, de par le roi d’Angleterre, messire Gautier Brion, l’évêque de Durem, messire Guillaume de Montagu, comte de Salberry, messire Guillaume de Beauchamp, capitaine de Calais, Jean Clanvou, Nicole de Gaberth, chevaliers et chambellans du roi Richard, et Richard Rohalle, clerc et docteur en lois. Et se tenoient les parlemens de ces parties sur le milieu du chemin, entre Boulogne et Calais, en un lieu, qu’on dit Lolinghen.

En ce temps étoient grands nouvelles en France, et en tous autres lieux et pays, d’une très puissante fête de joutes et d’ébattemens, que le jeune roi Charles de France vouloit faire à Paris, à la venue d’Ysabel, roine de France, sa femme, qui encore n’avoit été à Paris. Pour laquelle fête chevaliers et écuyers, dames et damoiselles, s’appareilloient partout grandement et richement ; et de laquelle fête je parlerai encore en avant en mes traités et aussi de la charte de la trève qui fut levée, grossoyée et scellée de toutes parties. Mais au jour que je cloys ce livre, je ne l’avois pas encore ; si m’en convint souffrir ; et aussi, s’il plaît à mon très cher et honoré seigneur, monseigneur le comte Guy de Blois, à laquelle requête et plaisance j’ai travaillé à celle noble et haute histoire, le me dire ; et pour l’amour de lui je y entendrai ; et de toutes choses advenues depuis le tiers livre clos, je m’informerai volontiers.


FIN DU TROISIÈME LIVRE DES CHRONIQUES DE SIRE JEAN FROISSART.