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Méliador

« Ne de terre, tant soit estragne,
« Ne le passera de proece.
1785 « Cousine, n’i voi aultre adrece,
« Fors cesti, se Dix me doinst joie,
« Par quoi reconfortée soie
« Et de Camel assegurée,
« Le quel on crient en no contrée
1790 « Trop plus que nul homme vivant.
« Je le sench de tel couvenant,
« Si hardi et si outrageus,
« Et pour vous si fort amoureus,
« C’onques il n’ot de riens tel joie
1795 « Qu’il ara voir de ceste voie.
« Et s’il devoit estre en la painne
« Occis, c’est bien cose certainne,
« Voires, se l’entreprendra il. f. 14 c
« Ja n’i ressongnera peril,
1800 « Mort, aventure, ne lonc jour,
« Pour son honneur et vostre amour,
« Qu’il aime tant qu’il ne vit mie.
« Ensi ferés vous double aÿe,
« L’une a moy et l’autre a lui voir ;
1805 « Car lors que li ferés savoir
« Ceste ordenance, en verité,
« Si tres plains de prosperité
« Sera et de grant entreprise,
« Avoech ce que nullui ne prise,
1810 « Qu’il ne vous vorroit pas avoir
« Aultrement, par nesun avoir.
« Et tantost par ceste matere
« Vostre oncle rarai, et mon pere,
« Qui gist pour vous en sa prison.
1815 « Siques, je vous pri, escrison,
« Sus le fourme que je vous di,
« Unes lettres par devers li. »
Hermondine adonques s’avise,