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xv
Analyse de Méliador

voudrait le voir acquérir, lui a promis son amour. À la prière de Méliador, il chante un virelai qu’il a composé en souvenir de sa belle, et les deux chevaliers prennent ensuite congé l’un de l’autre (v. 7566).

Parlons maintenant de Phénonée, la sœur de Méliador. Son père a vu, à la cour du roi Artus, l’épervier qu’on a décerné au vainqueur des joutes de la Garde. Elle s’informe de celui-ci et pense que ce peut bien être son frère. Pour l’attirer à Tarbonne, elle prie le duc Patris de vouloir bien ordonner un tournoi semblable à celui dont il vient d’être parlé. Patris y consent et envoie en tout pays des hérauts pour annoncer la fête. La nouvelle en arrive à Méliador qui se promet bien d’assister à ce nouveau tournoi (v. 7730).

Le chevalier au Soleil d’Or poursuit son chemin et, certain jour qu’il sommeillait dans un bocage, entre Montgriès et Carmelin, passe une demoiselle accompagnée d’un page : c’était Florée dont Camel se servait pour rabattre vers lui les chevaliers errants qu’elle pouvait rencontrer. Après avoir éveillé Méliador par le chant d’un rondeau, elle lui dit l’histoire de Camel et l’origine de la quête : il devra donc, ou se mesurer avec le seigneur de Camois, ou lui abandonner ses armes et s’engager à ne plus jamais penser à la princesse d’Écosse. La jalousie mord Méliador au cœur : il s’informe si ce Camel, qui lui semble un amant favorisé, a paru au tournoi de la Garde et se dit fort heureux d’avoir à combattre avec un guerrier aussi renommé. Il accompagne donc à Montgriès Florée, qui, à sa targe, le reconnait enfin pour le chevalier au Soleil d’Or. Le combat aura lieu le lendemain ; en attendant, la demoiselle conduit Méliador à la chambre où sont déposées les armes des chevaliers vaincus par Camel. Il examine d’abord les blasons de dix chevaliers prisonniers et reconnaît les armoiries de plusieurs qu’il délivrerait volontiers ; il considère ensuite les blasons de dix autres chevaliers qui ont mieux aimé mourir que de se rendre. Il ressent alors une grande admiration pour la valeur militaire du seigneur de Camois ; mais il