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Introduction

déclare néanmoins que son blason prendra le onzième rang parmi ceux des morts ou que Camel mourra de sa main (v. 8650).

On soupe et, dans la soirée, Florée fait dire au seigneur de Camois que le héros du tournoi de la Garde est à Montgriès, disposé à le combattre. Camel se présente le lendemain de bon matin, et se montre tout d’abord assez dédaigneux pour Méliador. Les deux chevaliers en viennent aux mains et font l’un et l’autre de grandes merveilles d’armes. Camel parvient à blesser son adversaire à l’épaule et l’accable de railleries. Bientôt après cependant, Méliador lui coupe le bras dont il tenait l’épée. Le seigneur de Camois, qui a eu un moment l’idée de fuir, se ravise et tente de frapper Méliador au cœur à l’aide de sa targe ; mais le chevalier au Soleil d’Or pare le coup et lui enfonce l’épée dans la gorge. Camel n’est point le seul dont l’amour ait causé la mort : le poète rappelle le souvenir de quelques-unes des plus fameuses parmi les victimes de ce sentiment. À la vue du cadavre de Camel, Florée sent que désormais elle peut vivre en paix, et elle le fait transporter à Camois. La première pensée de Méliador, en rentrant à Montgriès, est de faire sortir de prison les dix chevaliers auxquels on rend leurs armes et leurs chevaux, et qui reçoivent de Florée l’ordre d’aller se présenter au roi Artus. On s’occupe ensuite de la blessure du héros dont la guérison exigera un mois au moins. Tandis qu’on le soigne à Montgriès, les dix chevaliers qu’il a délivrés arrivent à Carlion, où on enregistre le récit des prouesses accomplies par le chevalier au Soleil d’Or, et chacun d’eux se remet en route pour tenter de nouveaux exploits (v. 9364).

Pendant que Méliador est retenu par sa blessure au château de Montgriès, une remarquable aventure arrive à quatre lieues de cette place. Alors que tant de chevaliers songent à se distinguer par leurs faits d’armes, deux frères, Savare et Feughin, ont quitté la maison qui les abritait l’un et l’autre pour tenter les chances de la quête, s’en-