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Introduction

Lansonnet, son écuyer, le réconforte, en lui représentant l’heureuse chance qui l’amène en Écosse, à moins d’une journée du château de Montségur qu’habite Hermondine. Il lui conseille de s’introduire auprès de la princesse sous un habit emprunté, en se présentant comme joaillier et Méliador se range à cet avis. Lansonnet achète alors chez les orfèvres d’Aberdeen quantité de joyaux ; le chevalier y joint l’anneau, don de Florée, qui lui semble le plus joli de tous et qu’il pense offrir en étrenne à la belle Hermondine. C’est donc en vêtement noir de marchand, les mains noires comme celles d’un homme de cet état et des souliers à noyaux aux pieds, que Méliador quitte Aberdeen pour se rendre à Montségur en compagnie de son écuyer et d’un garçonnet qui lui sert de guide (v. 12066).

Le prétendu joaillier arrive à Montségur où il se loge en une maison peu distante du château, et, grâce aux bons offices de Fromonde la Grise, il obtient d’être introduit auprès de la princesse. Il lui offre tout d’abord, à titre d’étrenne, l’anneau qu’il tient de Florée : il a grand besoin de vendre, dit-il, et cédera sa marchandise à bon compte. Hermondine retient tout l’assortiment et elle en distribue une partie à ses demoiselles : pendant ce temps, Méliador contemple à loisir la dame de ses pensées. Après avoir dîné en compagnie des suivantes d’Hermondine, il reçoit l’argent qui lui est dû pour les joyaux et quitte le château avec moins de plaisir qu’il n’y était entré, regrettant surtout que la princesse ignore les dangers qu’il a courus pour l’amour d’elle. Accompagné de Lansonnet qu’il a rejoint sur la route, il prend congé de dame Fromonde avant de retourner à Aberdeen. Cheminant ensuite toujours plein de mélancolie, il compose une ballade dans laquelle il se dit plus infortuné que Narcisse et, après une nuit passée dans la ville écossaise, il va de nouveau en quête d’aventures (v. 12616).

En apprenant des mariniers qui ont accompagné Méliador jusqu’en Écosse leur malencontreux voyage, la dame de Montrose est fort émue, car elle prévoit bien que son sau-