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Méliador

6250 Les fait que cascune s’avise.
Tout premiers parla Hermondine
En disant : « Ma belle cousine,
« Cilz chevaliers moult s’umelie
« Envers moy, or et aultre fie,
6255 « Et moult grandement se travelle
« A la fin que je me resvelle,
« A sçavoir que c’est par m’amour
« La ou il pense nuit et jour.
« Le vault il, dittes moi, cousine,
6260 « Quant bien l’ordenance imagine
« De ses parlers et de ses fais ?
« Il se nomme preus et parfais
« Quant aler voet en ce tournoy,
« Et me creante sus sa foy
6265 « Qu’il sera si bons chevaliers
« Que des daarrains as premiers
« Tournians, et ara le pris.
« Ne sçai se l’en blasme ou l’en pris
« De ce que telement se vante ;
6270 « Mais s’il faisoit ce dont il chante
« On l’i deveroit envoiier,
« Se vous le volés consillier. »
Et Florée respont en l’eure :
« Cousine, quant bien je saveure
6275 « Tout ce qui en poroit venir,
« Je ne m’i voel point assentir
« Ne acorder c’on l’i envoie ; f. 46 c
« Car vous le metteriés en voie
« Qu’il aroit en vous moult grant part.
6280 « Vous n’avés corage ne art
« De li amer, ce dittes vous,
« Et se vous li faisiés ses gous
« Et tele honneur, au dire voir,
« On le poroit tel part savoir
6285 « Ou on n’en sara ja riensnée ;