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Introduction

hypothèse que ne contredit point le caractère plus archaïque des fragments découverts aux Archives nationales.

Au reste, on trouve dans l’un des premiers poèmes sortis de la plume de Froissart une sorte d’allusion à cette première rédaction de Meliador. Dans le Paradis d’Amour, certainement antérieur à 1369, Plaisance nomme au poète les principaux « veneurs » qui suivent la chasse du dieu d’Amour et, parmi eux, trois personnages qui appartiennent en propre au roman que nous publions : ce sont Méliador même, Tangis et Camel de Camois. Mais le passage vaut la peine d’être cité en entier :

971 — « Dame », di je, « puis je sçavoir
« Qui sont ceuls que puis la veoir ? »
— « Oïl », dist ma dame de pris ;
« Troïlius y est et Paris,
975 « Qui furent fil au roi Priant,
« Et cesti que tu vois riant
« C’est Lancelos[1] tout pour certain,
« Et pour ce que forment je t’aim,
« Des aultres le nom te dirai,
980 « D’aucuns ja ne t’en mentirai.
« Il y sont Tristrams et Yseus,
« Drumas et Percevaus li preus,
« Guirons, et Los et Galehaus,
« Mordrès, Melyadus, Erbaus,
985 « Et cils a ce bel soleil d’or
« On l’appelle Melyador.
« Tangis et Camels de Camois

  1. L’édition de Scheler porte ici Laiscelos.