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Méliador

« A vous pour le mieus combatant.
« Chevaliers, vous avés fait tant
« Qu’il nous doit grandement souffire. »
22335 Et quant teles parolles dire
Leur ot et les voit en presense,
Agamanor adont s’i pense
Que li honneur en sera sienne.
« Dame, » dist il a Luciienne,
22340 « Je ferai ce que vous vodrés,
« Ne ja ne passerai vos grés,
« Mais il ont blecié mon cheval,
« La quel cose je tieng a mal ;
« Si le voloie revengier. »
22345 — « Sire, » dist elle au chevalier,
« De la bleceüre ne caille,
« Car tout tel sont fait de bataille.
« Mieulz vault que vos chevaus soit mors
« Que vous soiiés bleciés ou corps.
22350 « .I. en rarés, et biel et bon.
« Venés vous ent en abandon ;
« Nous vous le commandons ensi. »
Dist Agamanor : « Vemeci,
« Tout prest a ce que volés faire. »
22355 Adonques descent la sus l’aire
Et Bertoulès son cheval prent.
Luciienne moult bien aprent
C’Abÿace est moult fors navrés.
« Sire, » dist elle, « or vous souffrés,
22360 « Veoir irai mon chevalier. »
Adont s’en vient sans detriier
A Abÿace Luciienne, f. 165 a
Et com une phisicienne
L’aÿde la a mettre a point,
22365 Et l’espaule li a rajoint
Et recousu .v. poins ou .vi.
Entrues s’est Morphonès assis,