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Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/239

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DE JEAN FROISSART.

En ce temps que mon coer donnai,
Sans departir, tout à ma dame,
Par amours qui les coer entame,
Une heure si très lies estoie
Qu’à toute chose m’esbatoie,
Et une aultre si très pensieus
Qu’en terre clinoie mes yeuls,
Et ne faisoïe de riens compte
S’il ne me portoit blasme ou honte.
Je m’avisai à très grant painne
Que ma dame très souverainne
Ses venirs et alers avoit
À une femme, qui savoit
De ses secrés une partie ;
Je me très vers celle partie.
Car aillours ne m’osaisse traire
Pour ma nécessité retraire.
Ensi di, quant je fui venus :
« Damoiselle, nulle ne nuls,
» Fors vous, ne me poet conseillier,
» Se vous y voliés travillier.
» Et ve-me-ci, vo valeston,
» Pour entrer en un baneston
» Se le me commandiés en l’eure. »
Et celle qui me volt sequeure
Me respondi tout erramment :
« Or me dittes hardiement
» Tout ce que il vous plaist à dire ;
» Et, foi que doi à nostre sire,
» Là metterai, à mon pooir,