Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/156

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troduire des chimères dans des satisfactions si positives, et de mêler ce que vous appelez l’idéal à des appétits de pure vanité.

« Votre Olivier ne me déplaît pas ; il m’inquiète. Il est évident que ce jeune homme précoce, positif, élégant, résolu, peut faire fausse route et passer à côté du bonheur sans s’en douter. Il aura, lui aussi, ses fantasmagories, et se créera des impossibilités. Quelle folie ! Il a du cœur, j’aime à le croire, mais quel usage en fera-t-il ?… N’a-t-il pas deux cousines, m’avez-vous dit, ce Chérubin qui aspire à devenir un don Juan ?… Mais j’oublie, en vous citant ces deux noms, que vous ne connaissez peut être encore ni l’un ni l’autre. Votre professeur de rhétorique vous a-t-il déjà permis Beaumarchais et le Festin de Pierre ? Quant à Byron, j’en doute, et sans inconvénient vous pouvez attendre… »

Plusieurs mois s’étaient écoulés sans aucun trouble, l’hiver approchait, quand je crus apercevoir sur le visage de Madeleine une ombre et comme un souci qui n’y avait jamais paru. Sa cordialité, toujours égale, contenait autant d’affection, mais plus de gravité. Une appréhension, un regret peut-être, quelque chose dont l’effet seul était visible venait de s’introduire entre nous comme un pre-