Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/155

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arriver à quelque chose viennent où je suis, dans la ville des livres, en un coin désert, consacré par quatre ou cinq siècles d’héroïsme, de labeurs, de détresses, de sacrifices, d’avortements, de suicides et de gloire. C’est un très-triste et très-beau séjour. J’aurais été libre que je n’en aurais pas choisi d’autre. Ne me plaignez donc pas d’y vivre, j’y suis à ma place. »

« Vous écrivez, cela devait être. Que vous en fassiez un secret pour ceux qui vous entourent, c’est une timidité que je comprends, et je vous sais d’autant plus gré de vous ouvrir à moi. Le jour où votre besoin de confidences ira jusque-là, envoyez moi les fragments que vous pourrez me communiquer, sans trop effaroucher vos premières pudeurs d’écrivain…

« Autre renseignement qu’il me plairait bien d’avoir : que devient cet ami dont vous ne me parlez presque plus ? Le portrait que vous me faisiez de lui était séduisant. Si je vous ai bien compris, ce doit être un charmant mauvais écolier. Il prendra la vie par les côtés faciles et brillants. Conseillez-lui, dans ce cas, de vivre sans ambition, les ambitions qu’il aurait étant de la pire espèce. Et dites-lui bien qu’il n’a qu’une chose à faire, c’est d’être heureux. Il serait impardonnable d’in-