Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/158

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« M. Olivier est au salon, me dit le domestique.

— Seul ?

— Non, monsieur, il y a quelqu’un.

— Alors je vais l’attendre. »

À peine engagé dans l’escalier qui menait à la chambre d’Olivier, je n’allai pas plus loin, arrêté sur place par un battement de cœur inexprimable. Je redescendis, je traversai sans bruit l’antichambre déserte, et me glissai par une des allées latérales qui conduisaient de la cour au jardin. Le salon s’ouvrait au rez-de-chaussée par trois fenêtres élevées au-dessus du parterre de toute la hauteur du perron. Sous chacune des fenêtres, il y avait un banc de pierre. J’y montai. La nuit était noire ; personne ne pouvait se douter que j’étais là ; je plongeai les yeux dans le salon.

Toute la famille était réunie, toute, y compris Olivier, qui, droit et ferme, habillé de noir, se tenait debout près de la cheminée. Deux personnes se faisaient face au coin du foyer. L’une était M. d’Orsel ; l’autre, un homme jeune encore, grand, correct, de mise irréprochable ; Olivier à trente-cinq ans, avec moins de finesse et plus de roideur. Je distinguais le geste un peu lent dont il accompagnait ses paroles et la grâce sérieuse avec