Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/197

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sible ! Je me répétai vainement certains mots de discipline qui m’aiguillonnaient quelquefois, comme on stimule avec des locutions convenues les chevaux de trait qui lâchent pied. Un immense dégoût me vint aux lèvres rien qu’à la pensée de reprendre un seul jour de plus cet affreux métier de fouilleur de livres. L’été était venu. Il y avait un joyeux soleil dans les rues. Des martinets tourbillonnaient gaiement autour d’un clocher pointu qu’on voyait de ma fenêtre. Sans hésiter une seule minute et sans réfléchir que j’allais perdre en un instant le bénéfice de tant de mois de sagesse, j’écrivis à Madeleine. Ce que je lui disais était insignifiant. De courts billets que j’avais reçus d’elle avaient établi une fois pour toutes le ton de notre correspondance. Je ne mis dans celui-ci rien de plus ni de moins, et cependant, la lettre partie, j’attendis la réponse comme un événement.

Il y a dans Paris un grand jardin fait pour les ennuyés : on y trouve une solitude relative, des arbres, des gazons verts, des plates-bandes fleuries, des allées sombres, et une foule d’oiseaux qui paraissent s’y plaire presque autant que dans un séjour champêtre. J’y courus. J’y errai pendant le reste de la journée, étonné d’avoir secoué mon joug, et plus étonné encore de l’extrême in-