Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/200

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Qui sait ce qui doit en sortir, si c’est du bois ou du métal, du grand ou du petit, du très-utile ou du superflu ? » — Et l’idée qu’il en était ainsi de mon esprit n’ajouta rien à un découragement déjà complet, mais le confirma.

J’avais couvert des rames de papier. Il y en avait une montagne accumulée sur ma table de travail. Je ne les considérais jamais avec beaucoup d’orgueil ; j’évitais ordinairement d’y jeter les yeux de trop près, et je vivais au jour le jour des illusions de la veille. Dès le lendemain, j’en fis justice. J’en feuilletai au hasard des lambeaux : une fade odeur de médiocrité me souleva le cœur. Je pris le tout et le mis au feu. J’étais assez calme en exécutant ce sacrifice, qui, en toute autre circonstance, m’aurait coûté quelques regrets. En ce moment même, la réponse de Madeleine arriva. Sa lettre était ce qu’elle devait être, cordiale, tendre, exquise, et pourtant je restai stupéfait de me sentir au cœur un espoir déçu. Le flamboiement de tant de paperasses brûlées éclairait encore ma chambre, et j’étais debout, tenant à la main la lettre de Madeleine, comme un homme, qui se noie, tient un fil brisé, quand par hasard Olivier entra.

Il vit cet amas de cendres fumantes et comprit ; il jeta un rapide coup d’œil sur la lettre.