Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/202

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plus forts, et que tu pourras demeurer sans broncher debout sur cette difficulté effroyable où tant de braves cœurs ont défailli, tant pis encore une fois, car je te crois en danger, et sur l’honneur je ne dormirai plus tranquille.

— Je n’ai ni orgueil ni confiance, et tu le sais aussi bien que moi. Ce n’est pas moi qui veux ; c’est, comme tu le dis, une situation qui me commande. Je ne puis empêcher ce qui est, je ne puis prévoir ce qui doit être. Je reste où je suis, sur un danger, parce qu’il m’est défendu d’être ailleurs. Ne plus aimer Madeleine ne m’est pas possible, l’aimer autrement ne m’est pas permis. Le jour où sur cette difficulté, d’où je ne puis descendre, la tête me tournera, eh bien ! ce jour-là tu pourras me pleurer comme un homme mort.

— Mort ! non, reprit Olivier, mais tombé de haut. N’importe, ceci est funèbre. Et ce n’est point ainsi que j’entends que tu finisses. C’est bien assez que la vie nous tue tous les jours un peu ; pour Dieu, ne l’aidons pas à nous achever plus vite. Prépare-toi, je te prie, à entendre des choses très-dures, et si Paris te fait peur comme un mensonge, habitue-toi du moins à causer en tête-à-tête avec la vérité.