Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/237

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tels, que vous dirais-je ? Nous revînmes aux étoiles, au bruit des rames, conduits, je crois, par les bateliers d’Elvire.

Ce furent là les adieux de la saison ; presque aussitôt les premières brumes arrivèrent, puis les pluies, qui nous avertirent que l’hiver approchait. Le jour où le soleil, qui nous avait comblés, disparut pour ne plus se montrer que de loin en loin et dans les pâleurs de son déclin, j’y vis comme un triste présage qui me serra le cœur.

Ce jour-là, et comme si le même avertissement de départ eût été donné pour chacun de nous, Madeleine me dit :

« Il est temps de penser aux choses sérieuses. Les oiseaux que nous devions si bien imiter sont partis depuis un mois déjà. Faisons comme eux, croyez-moi ; voici la fin de l’automne, retournons à Paris.

— Déjà, » lui dis-je avec une expression de regret qui m’échappa.

Elle s’arrêta court, comme si pour la première fois elle eût entendu un son nouveau.

Le soir, il me sembla qu’elle était plus sérieuse, et qu’avec une adresse extrême elle me surveillait d’assez près. Je réglai ma tenue en vue de ces indications, bien légères sans doute et cependant