Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/25

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« Ce que vous voyez là, me dit le docteur en me montrant cet îlot de verdure isolé dans la nudité des vignobles, c’est le château des Trembles et l’habitation de M. Dominique. »

Cependant M. Dominique allait rejoindre ses vendangeurs et s’éloignait paisiblement, son fusil désarmé, suivi cette fois de ses chiens à bout de forces ; mais à peine avait-il fait quelques pas dans le sentier labouré d’ornières qui menait à ses vignes que nous fûmes témoins d’une rencontre qui me charma.

Deux enfants dont on entendait les voix riantes, une jeune femme dont on voyait seulement la robe d’étoffe légère et l’écharpe rouge, venaient au-devant du chasseur. Les enfants lui faisaient des gestes joyeux et se précipitaient de toute la vitesse de leurs petites jambes ; la mère arrivait plus lentement et de la main agitait un des bouts de son écharpe couleur de pourpre. Nous vîmes M. Dominique prendre à son tour chacun de ses enfants dans ses bras. Ce groupe animé de couleurs brillantes demeura un moment arrêté dans le sentier vert, debout au milieu de la campagne tranquille, illuminé des feux du soir et comme enveloppé de toute la placidité du jour qui finissait. Puis la famille au complet reprit le chemin des Trembles,