Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/267

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organisé que beaucoup d’autres, et meilleur par beaucoup de points. Je vous croyais peu de volonté, mais avec un certain don d’inspiration. Vous avouez que vous êtes sans volonté, et, de l’inspiration, voilà que vous faites un exorcisme.

— Appelez les choses du nom que vous voudrez, » lui dis-je, et je la suppliai de changer de conversation.

Changer de conversation n’était pas possible ; il fallait revenir au point de départ ou continuer. Elle crut plus sûr apparemment de parler raison. Je la laissai dire, et ne répondis plus que par la formule absolue du découragement total : — À quoi bon ?

« Vous parlez en ce moment comme Olivier, disait Madeleine, et personne au contraire ne lui ressemble moins.

— Le croyez-vous ? lui dis-je en la regardant tout à coup assez passionnément pour la dominer de nouveau ; croyez-vous qu’en effet nous soyons si différents ? Je crois, au contraire, que nous nous ressemblons beaucoup. Nous obéissons l’un et l’autre exclusivement, aveuglément, à ce qui nous charme. Ce qui nous charme est pour lui, comme pour moi, plus ou moins impossible à saisir, ou chimérique, ou défendu. Cela fait qu’en suivant