Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/355

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qui décidaient du sort de sa sœur. J’expliquai le caractère d’Olivier, sa répugnance absolue pour tout mariage. J’insistai sur ce sentiment peut-être déraisonnable, mais sans réplique, qu’il rendrait une femme malheureuse, et non pas une, mais toutes sans exception. J’atténuais ainsi ce que sa résistance pouvait avoir de blessant.

« Il en fait une question de probité, » dis-je à Madeleine comme dernier argument.

Elle sourit tristement à ce mot de probité, qui s’accordait si mal avec l’irréparable malheur dont la responsabilité pesait à ses yeux sur Olivier.

« Il est le plus heureux de nous tous, » dit-elle.

Et de grosses larmes coulèrent sur ses joues.

Dès le surlendemain, Julie put faire quelques pas dans sa chambre. L’indomptable vigueur de ce petit être, exercée secrètement par tant de dures épreuves, se réveilla, non pas lentement, mais en quelques heures. À peine en convalescence, on la vit se roidir contre le souvenir humiliant d’avoir été pour ainsi dire surprise en faiblesse, se prendre de lutte avec le mal physique, le seul qu’elle pût vaincre, et le dominer. Deux jours plus tard, elle eut la force de descendre seule au salon, repoussant tout appui, quoiqu’une sueur de défaillance perlât sur son front à peau mince, et que de