Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/380

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née de soleil, de tiédeur et de pluie, et remarquablement douce, quoique nous eussions passé la mi-novembre, était bien faite pour mettre en joie tout esprit foncièrement campagnard. La journée, si maussade à midi, s’achevait par une soirée d’or. Les enfants jouaient dans le parc, pendant que Mme de Bray allait et venait dans l’allée qui conduisait au bois, surveillant leurs jeux à petite distance. Ils se poursuivaient, à travers les fourrés, avec des cris imités de bêtes chimériques, et les plus propres à les effrayer. Des merles, les derniers oiseaux qui se fassent entendre à cette heure tardive, leur répondaient par ce sifflement bizarre et saccadé pareil à de tumultueux éclats de rire. Un reste de jour éclairait paisiblement la longue tonnelle ; les pampres déjà clairsemés formaient sur le ciel très-pâle autant de découpures aiguës, et des rats pillards qui rôdaient le long des poutrelles égrenaient avec précaution les quelques raisins flétris qui restaient aux vignes. Ce calme déclin d’une journée soucieuse menant à des lendemains plus sereins, l’assurance du ciel qui s’embellissait, ces joies d’enfants pour animer le vieux parc à demi dépouillé ; la mère confiante, heureuse, servant de lien affectueux entre le père et les enfants ; celui-ci grave, songeur, mais raf-