Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/381

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fermi, parcourant à petits pas la riche et féconde allée tendue de treilles ; cette abondance avec cette paix, cet accomplissement dans le bonheur : — tout cela formait, après notre entretien, une conclusion si noble, si légitime et si évidente, que je pris le bras de Dominique et le serrai plus affectueusement encore que de coutume.

« Oui, me dit-il, mon ami, me voici arrivé. À quel prix ? vous le savez ; avec quelle certitude ? vous en êtes témoin. »

Il y avait dans son esprit un mouvement d’idées qui se continuait ; et, comme s’il eût voulu s’expliquer plus clairement sur des résolutions qui se manifestaient d’ailleurs d’elles-mêmes, il reprit encore, lentement et sur un tout autre ton :

« Bien des années se sont passées depuis le jour où je suis rentré au gîte. Si personne n’a oublié les événements que je viens de vous raconter, personne ne semble du moins se les rappeler ; le silence que l’éloignement et le temps ont amené pour toujours entre quelques personnages de cette histoire leur a permis de se croire mutuellement pardonnés, réhabilités et heureux. Olivier est le seul, j’aime à le supposer, qui se soit obstiné jusqu’à la dernière heure dans ses systèmes et dans ses soucis. Il avait désigné, vous vous en souvenez, l’ennemi