Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/382

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mortel qu’il redoutait plus que tous les autres ; on peut dire qu’il a succombé dans un duel avec l’ennui.

— Et Augustin ? lui demandai-je.

— Celui-ci est le seul survivant de mes vieilles amitiés. Il est au bout de sa tâche. Il y est arrivé en droite ligne, comme un rude marcheur au but d’un difficile et long voyage. Ce n’est point un grand homme, c’est une grande volonté. Il est aujourd’hui le point de mire de beaucoup de nos contemporains, chose rare qu’une pareille honnêteté parvenant assez haut pour donner aux braves gens l’envie de l’imiter.

— Pour moi, répondit M. de Bray, j’ai suivi très-tard, avec moins de mérite, moins de courage, avec autant de bonheur, l’exemple que ce cœur solide m’avait donné presque au début de sa vie. Il avait commencé par le repos dans des affections sans trouble, et j’ai fini par là. Aussi, j’apporte dans mon existence nouvelle un sentiment qu’il n’a jamais connu, celui d’expier une ancienne vie certainement nuisible et de racheter des torts dont je me sens encore aujourd’hui responsable, parce qu’il y a, selon moi, entre toutes les femmes également respectables, une solidarité instinctive de droits, d’honneur et de vertus. Quant au parti que