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L’HOMME À L’HISPANO

— Tu ne restes pas ici ?

— Non, dit Dewalter sans intonation.

— Alors, tu me rouleras la voiture jusqu’à Bordeaux. Je la cueillerai dans quelques jours, en passant, quand ma femme m’aura donné de l’air.

Il tendit une carte. Elle portait l’adresse du garage où Dewalter devait laisser l’Hispano. Le chauffeur, la veille même, avait commis une faute sérieuse. Deléone l’avait renvoyé, en prenant la précaution de payer son retour et de l’expédier à Paris pour éviter les commérages.

— Ça va comme ça ? termina-t-il. Merci, ma vieille, à charge de revanche.

Il s’en alla. Au coin de la rue apparaissait la belle silhouette de Stéphane. Il pensait :

— Veinard ! Il la tombera… Mais quel idiot de s’en aller… en Afrique… chasser le buffle !

Il avait dit vrai dans son vert langage. Biarritz avait remarqué que, maintenant, lady Oswill ne sortait plus seule. La vie ramassée des villes d’eaux ne permet point les longs mystères. Mais Dewalter plaisait. On le trouvait chic et de grande allure. Deléone, en deux mots vite répétés, avait dit ce qu’il pensait de lui : qu’il était riche, de bonne famille et brave. D’autre part, toute mésaventure d’Oswill était destinée à être applaudie. On ne croyait pas à la faute de Stéphane. On se contentait de l’espérer. Elle s’affichait avec une indifférence sereine. Il lui semblait que son bon-