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L’HOMME À L’HISPANO

heur ne devait plus finir et que, tôt ou tard, il serait affermi. Elle pensait à peine à son mari, parti pour le Maroc. Elle souhaitait qu’il fit le tour du monde et trouvait le monde trop petit.


Il y eut à Bayonne, le dimanche, une course de taureaux. Les bêtes étaient choisies, les hommes, les plus courageux et les plus habiles de l’Espagne. Le fameux Belmonte, engagé avec sa quadrilla, reparaissait pour la première fois depuis la blessure qui, l’année précédente, à Madrid, avait mis sa vie en danger. De Bordeaux à Saint-Sébastien, dans les hôtels et les agences, les billets disparaissaient d’heure en heure et, dès le vendredi, il fut impossible d’en trouver au tarif normal. Mais Stéphane prit ses précautions et dit à Dewalter de louer.

Le jour des courses, elle fut merveilleuse.

Sur sa robe aux dentelles des Flandres, elle avait jeté un châle pompeux. Un collier de vieil ambre mettait une douceur dorée, un peu opaque, à la naissance de son cou. Il descendait sur le vêtement avec une lourde souplesse. Sur l’éphémère splendeur humaine, il témoignait de la patience des âges. Les mains, parées d’un diamant et d’une perle sombre, les avant-bras, couleur de soleil, étaient visibles sous des mitaines de soie noire. Deux roses éclatantes, destinées à mourir bientôt dans le cirque, prolongeaient au corsage leur vie déjà coupée.