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L’HOMME À L’HISPANO

Elle devinait bien que la présence de son amant serait, le soir même, commentée. Mais que lui importait, après ce que déjà elle avait fait ?

Quand il arriva, les deux salons étaient emplis de tous ceux qui, à Biarritz et dans les environs, forment une société fermée. On venait depuis Pau rendre visite à lady Oswill. À peine quelques visiteurs de moindre choix, imposés par la ville d’eaux, et aussi des notabilités de passage, se mêlaient-ils aux représentants des vieilles familles du Béarn et du pays basque. L’Angleterre et l’Espagne étaient représentées par des personnages d’élite. L’entrée de Dewalter passa d’abord inaperçue. Son aisance naturelle, l’aisance avec laquelle, depuis qu’il était arrivé à la Côte d’Argent, il avait pris les manières et choisi les vêtements qu’il fallait pour n’être pas remarquable en firent tout de suite un visiteur dans le rang. Cependant, la fièvre de ses yeux, on ne sait quel rayonnement venu de l’état de son âme — la façon peut-être dont, en dépit de sa réserve, Stéphane lui parlait — le sortirent de l’ombre. On le discerna. On l’examina. Ceux qui n’habitaient point Biarritz le voyaient pour la première fois. Avec cette rapidité de divination qui naît de l’habitude des intrigues en province, les moins renseignés, bientôt, ne doutèrent plus que, de tous ces visiteurs, il était le seul, le seul vraiment, à occuper l’esprit de la maîtresse de la maison. Ainsi, sous la discrétion et la retenue