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L’HOMME À L’HISPANO

et, des pieds à la tête, il se sentit tremblant. Il regrettait d’avoir parlé à Pascaline. En même temps, il lui semblait qu’annoncer son départ, là, à mi-voix, d’un air indifférent, devant le banquier Chillet, MM. de Saint-Brémond et de Baragnas, la jeune marquise de Jouvre et tous ces gens cloîtrés dans leurs traditions extérieures, c’était plus facile. Stéphane, maintenant, lui offrait un verre de porto.

— Vous n’avez même pas une tasse de thé, monsieur Dewalter, dit-elle.

Tout de suite, elle avait pris une voix sans timbre, pour ne pas être obligée de changer de ton.

— Sais-tu ce qu’il m’a dit ? s’exclama tout bas Pascaline. Il m’a dit qu’un ami le réclame et qu’il part bientôt pour Paris.

Dewalter, pour se mater, s’enfonçait les ongles dans la peau. Il ne savait ce que Stéphane allait répondre et il s’attendait presque à un cri. Elle lui demanda seulement quand il partait ? Elle semblait calme et souriait. À deux pas, personne dans le salon n’aurait pu affirmer qu’ils ne parlaient pas, avec banalité, de la saveur du thé de Chine et du nombre de morceaux de sucre qu’il convient d’y laisser tomber.

— Je crois que je devrai partir demain, répondit Georges.

— Tu entends ? murmura Pascaline.

— J’entends parfaitement, dit Stéphane. Il n’y a rien que de très naturel à aller à Paris. Est-ce