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l’homme à l’hispano

Il tressaillit : l’expérience réussissait. Il sentit que l’action allait se préciser. Le valet entra, prit l’ordre et sortit.

Oswill souriait, installé dans une bergère :

— Chez qui je suis ? Comment donc ? Je suis chez vous, je suppose ?

— Non, répondit-elle, rapide et violente.

Cette fois rien n’était plus précis. Puisqu’il feignait de n’avoir pas encore compris, elle l’y forçait : non, elle n’était pas chez elle. Elle était chez son amant. Et, en effet, il comprit.

Il comprit qu’elle disait vrai. Il comprit qu’elle ne savait rien. Il comprit que ce salon, ce luxe, c’était le salon, le luxe de Dewalter. Il eut un éblouissement comme un limier sur la piste. Mais cette fois encore il se trompa : il crut que, par des moyens louches, l’imposteur s’était procuré des ressources. Il vit l’horizon changer et, vaguement, il eut la prescience qu’il allait trouver là un champ d’action. Il se ramassa sur lui-même et ne s’avança plus qu’avec des précautions, des rusés d’espion en pays ennemi et des audaces de mots à double sens pour bien étudier le terrain.

— Je ne suis pas chez vous ? dit-il. Tiens, j’aurais cru !

Elle pensa qu’il voulait l’accabler par cette phrase, mais elle était remplie de dédain. Il s’était levé et il expertisait du regard ce qui l’entourait.