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l’homme à l’hispano

sait tout achevée, dans son esprit. Dewalter feignait de s’intéresser à son projet ; de lui-même, il inventait quelque détail pour l’embellir, mais il ne retenait qu’un mot : revenir… Déjà, elle songeait au départ, et cela seul lui importait. Il fit une allusion adroite à la propriété d’Oloron. Toute sa pensée ardente suggérait à Stéphane le retour à son vieux bercail.

Dans la nuit, tandis qu’elle dormait, il recommença la suggestion. Ils reposaient la fenêtre ouverte. Les astres savants peuplaient les abîmes du ciel. De leur lit, il les voyait, et leur clarté diffuse se posait sur le visage de Stéphane et ses bras nus. Penché vers elle, sans l’éveiller, il lui répétait à voix basse et distincte qu’elle devait rentrer dans son château et qu’il la priait de le lui demander. Le lendemain, quelques minutes après son réveil, la première, elle en parla :

— Que faisons-nous ici ? dit-elle en regardant avec étonnement leur chambre étroite. C’est dans ma bonne demeure que nous serions bien.

La nécessité imposait des ruses à Dewalter, mais il était trop loyal pour feindre plus longtemps et, tout de suite, il cria oui. Joyeuse, elle battit des mains. Elle se représentait la joie d’Antoinette. Elle prit son bain et, coulée dans l’eau, elle lui raconta des anecdotes rieuses de sa nourrice, Elle résolut de lui télégraphier qu’ils arriveraient le lendemain.

— Ainsi, dit-elle avec allégresse, tout sera prêt