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l’homme à l’hispano

protégés par la double barre des sourcils. Il souriait comme un diable en regardant la nourrice.

— Comment ça va, Antoinette ?… dit-il. Vous avez toujours l’air d’une vieille pomme de terre en robe de chambre…

Dans le parc, des aboiements cessèrent. II grommela :

— Les chiens se luisent enfin ! C’est drôle, dans cette maison — où j’ai pourtant le droit de venir, je pense — quand j’arrive, les chiens aboient, les vieilles bonnes montrent les dents. J’aurais dû apporter un fouet.

Il s’avança. Il vit la table étincelante. Il mâcha entre ses dents ;

— Je pense qu’il engraisse.

— Qu’est-ce que monsieur vient faire ici ? osa demander Antoinette.

Il répondit :

— Vous le verrez.

Et, comme elle tentait de se glisser entre les meubles pour sortir, il ajouta :

— Vous avez envie de bouger ? Fermez donc la porte.

Tremblante, elle obéit. Il ricana :

— Je fais peur aux femmes, même aux vieilles.

De nouveau, elle voulut se sauver. Il la ramena du geste :

— Où est votre maîtresse ?

Elle répondit :

— Dans sa chambre, monsieur.