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l’homme à l’hispano

— Il battait comme à l’ordinaire, répondit-il. Et cependant, il m’applaudissait…

Il avait pris ses mains et elle se sentait gagnée comme toujours par le contact de sa ferveur. Elle se pencha comme pour l’entendre mieux. Il dit :

— Que de joies j’ai puisées dans tes yeux !… Quel immense bonheur sans fin, sans fin, m’est venu de toi, Stéphane !… Mon doux, mon bel amour ! Laisse-moi te regarder… Embrasse-moi.

— Cher chéri, murmura-t-elle sur ses lèvres.

Il savait que c’était l’un des derniers baisers, mais elle, ignorante du drame prochain, elle ne le prolongeait que par plaisir. Elle se plaignit :

— Pourquoi avons-nous invité tous ces gens ? C’est toi qui l’as voulu. Ils nous volent notre solitude.

Il se releva, la prit doucement dans ses bras et murmura vers son oreille :

— Il fallait des témoins à notre grand bonheur.

— Ambitieux, dit-elle en souriant.


Ils descendirent. Elle s’appuyait à lui avec une sensualité douce, impatiente déjà que la réception fût terminée. Devant le fumoir il s’arrêta. Elle le suivit dans cette pièce. Là, les mots terribles qu’elle ignorait avaient été dits.

— Allons… Fume vite ton cigare dans le parc et reviens… Je vais te le donner moi-même.

— C’est ça, répondit-il d’une voix sans intonation.