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L’HOMME À L’HISPANO

— Je vois très bien. Il a fait la leçon au chauffeur. Dans l’amour, les domestiques sont toujours aux premières loges…

— Il a fait la leçon au chauffeur, comme vous dites… comme vous avez vu, articula Dewalter… Et voici l’avatar : je suis arrivé, moi, pauvre type traqué par la vie, presque par la misère, je suis arrivé à Biarritz, sur la Côte d’Argent, dans une voiture de multimillionnaire qui, pour huit jours, était à moi.

Oswill se tordit :

— C’est très rigolo.

Mais Dewalter, soudain parla durement :

— Je ne trouve pas !…

Il le regarda :

— On est bien dans une Hispano ! Mieux, je vous assure, que dans une cabine de seconde à destination de Dakar.

Oswill l’enveloppa d’un regard.

— C’est la vie. Elle a tous les visages… Mais pourquoi vous payez les pneus ?

— Pourquoi je paie les pneus ?

Dewalter le toisa. Il avait pris un air assez hautain et il continua :

— Je suis descendu à l’hôtel du Palais, à Biarritz… J’étais dans l’engrenage… Je me suis battu deux ans, à côté de Deléone, j’ai risqué ma peau comme lui, aux mêmes endroits… Je n’allais pas lui raconter brusquement que, la paix revenue, on n’avait plus le même grade… Je suis descendu