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L’HOMME À L’HISPANO

au Palais… et c’est alors que vraiment, vraiment, j’ai vu la méchanceté du destin.

Oswill s’était mis en boule. Il le guettait :

— Vous faites beaucoup d’histoires pour un voyage en première classe.

— Je suis très cabine de luxe… autant que d’autres… vous savez, dit Dewalter.

— Vous êtes jaloux ?

Le pauvre se sentit désarmé. Il sourit :

— Non, oh ! grands dieux, non ! Quand je me suis battu, tenez, je savais bien que ce n’était pas pour moi. J’ai été élevé moi-même richement… Mais, après, on m’a planté dans la vie… Ma foi, je n’y pensais pas trop. Je suis un poète à ma façon. Je suis incapable de gagner de l’argent… Je m’étais résigné… Mais cette aventure inutile…

Sa voix s’altéra :

— … Ce tête-à-tête avec la joie, avec de si grandes possibilités de joie, juste comme je m’en vais… ça m’a sonné, je vous assure… et ça me fait mal.

Il semblait brusquement souffrir beaucoup.

— Je suis sûr que vous ne dites pas tout ? glissa Oswill.

— Non, répondit-il douloureusement… Je ne vous dis pas tout, c’est vrai. Je ne peux pas vous dire tout.

Son visage, sa voix le trahissaient :

— Il y a dix jours, je partais tranquille… rien