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L’HOMME À L’HISPANO

Elle dit encore :

— Demain, je serai libre…

Elle s’arrêta quelques secondes et continua sur le même ton :

— Demain, je serai libre… Vous viendrez me chercher vers dix heures avec votre voiture… Vous m’emmènerez déjeuner à Hendaye ou à Saint-Sébastien… et puis, pour le dîner, vous me ramènerez à Biarritz…

Il l’interrogea doucement :

— Votre amie vous accompagnera ?

Elle répondit, la voix unie, grise et claire à la fois comme le soir qui tombait :

— Non, je serai seule… Demain pour la première fois, je passerai toute la journée avec vous…

Et, de nouveau, quelques secondes extraordinaires disparurent. Elle regardait devant elle avec ses larges yeux sans mystère. Il se courba vers la main, sur la table, et elle sentit le baiser rapide et chaud jusqu’au plus profond de sa chair. Ils tremblaient.

Ils se levèrent. Il paya et, sans dire une nouvelle parole, ils remontèrent dans l’Hispano. Silencieuse, elle s’en allait sur la grande route avec la mollesse d’une barque. Deux fois, entre Saint-Jean-de-Luz et Biarritz, ils rencontrèrent d’autres voitures portant des amis de Stéphane. Elle ne se cachait pas.

Quand Dewalter la quitta, elle dit qu’elle irait le soir à Ciboure et qu’ils s’y retrouveraient.