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ET SUR SES ÉCRITS.

en 828. Voici comment Tacite s’exprime sur ces deux personnages : « Dès qu’avec le reste du monde la Bretagne eut reconnu Vespasien, de grands généraux, d’excellentes armées parurent, les espérances des ennemis diminuèrent, et aussitôt Petilius Cerialis les frappa de terreur en attaquant la cité des Brigantes, qui passe pour la plus populeuse de toute la Bretagne : il livra beaucoup de combats, et quelquefois de très-sanglants ; la victoire ou la guerre enchaîna la plus grande partie de cette cité. Et lorsque Cerialis eût dû accabler par ses services et sa renommée son successeur, Julius Frontinus en soutint le fardeau : grand homme autant qu’on pouvait l’être alors, il subjugua, par les armes, la nation vaillante et belliqueuse des Silures, après avoir, outre la valeur des ennemis, triomphé des difficultés des lieux[1]. » Ce passage est assez explicite sur le mérite de notre auteur comme homme de guerre, pour nous dispenser de toute réflexion.

Remplacé en Bretagne par Agricola, vers 831, Frontin était sans doute de retour à Rome depuis cette époque, et, mettant à profit l’expérience qu’il avait acquise dans ses récentes expéditions, il écrivait sur l’art militaire, lorsque l’empire échut à Domitien, en 834. Sous ce règne parut le recueil des Stratagèmes : la preuve en est dans la complaisance avec laquelle il signale, en termes louangeurs, les excursions de ce prince sur les frontières des Germains, et ses prétendues victoires[2]. Mais, avant de mettre au jour cet ouvrage, il en avait publié d’autres où étaient exposés les principes de l’art militaire : sa pensée, qui avait été de justifier ultérieurement chacune de ses théories par une série de faits analogues, est nettement exprimée par les premiers mots de sa préface. Dans le Mémoire sur les Aqueducs[3], il rappelle encore qu’il est auteur de plusieurs ouvrages : « In aliis autera libris, quos post experimenta et usum composui, antecedentium res acta est. » Végèce et Élien nous fournissent des indications tout aussi précises. Le premier, après avoir parlé de l’art et de la discipline militaires, qui ont assuré aux Romains la conquête du monde, ajoute : « Necessitas compulit, evolutis auctoribus, ea me in hoc opusculo fidelissime dicere, quæ Cato ille Censorius de disciplina militari scripsit, quæ Cornelius Celsus, quæ Frontinus perstringenda duxerunt[4]. » On ne saurait trouver un éloge plus complet en

  1. Vie d’Agricola, ch. xvii, trad. de C. L. F. Panckoucke.
  2. Voyez liv. i, ch. 1, § 8 ; liv. ii, ch. 3, § 23.
  3. Ch. 11.
  4. Liv. i, ch. 8.