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Page:Fulbert-Dumonteil - Portraits zoologiques.pdf/29

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LE RENNE

intelligente est couronnée d’un bois magnifique, et ses grands yeux noirs sont doux comme ceux de la gazelle. On dirait que ses andouillers, que terminent des palmes, portent des mains, — des mains ouvertes, tendues vers le ciel.

Le Renne, c’est la parure des monts dénudés du Nord ; c’est le mouvement de cette terre éternellement muette, c’est la vie de ces régions mortes, c’est la fécondité et la richesse de ces lieux stériles.

Qu’on demande au Lapon d’où lui viennent ces chairs fumantes qui embaument sa hutte, ce lait crémeux, ces fromages exquis qui couvrent sa table. Il vous répondra : Tout cela vient du Renne. Et ce manteau épais, et ce lit si chaud qui l’attend ? C’est la peau du Renne. Et ces arcs, ces flèches, ces outils de travail, ces objets utiles ou charmants sculptés avec patience, avec amour, au coin du feu ? Ils sont fabriqués avec les os du Renne. Et ces cordes, ces filets appendus dans un coin de la hutte enfumée, d’où viennent-ils ? On les a tirés des tendons du Renne. Et ces fardeaux, qui les a portés ? La docile et robuste épaule du Renne. Ce traîneau léger, qui donc le fera glisser sur ces steppes immenses avec la vitesse du vent ? Le Renne, toujours le Renne. C’est le bœuf, c’est le cheval, c’est le mouton, c’est le chameau du pôle nord.

Les plus terribles climats de l’univers sont la patrie du Renne : la Finlande et la Laponie, le Groenland, la Sibérie, la Norvége.