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Page:Fulbert-Dumonteil - Portraits zoologiques.pdf/291

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LA LOUTRE.

chercher une bouteille de vieux vin à la cave, remonte et nous remet sa capture en échange d’un peu de leurre.

Nous le chassons et il nous fuit ; quand il est apprivoisé, il se joue avec nous sur le sable, au bord des eaux, nous suit comme un chien et se pelotonne pour dormir sur nos genoux. On se rappelle sans doute la Loutre du fameux roi de Pologne, Jean Sobieski, familière comme un moineau, adroite comme un chat et fidèle comme un chien, mangeant à sa table, prenant place dans ses carrosses.

À la voix de son maître, elle plongeait dans la Vistule, entassait sur la rive carpes, barbillons, brochets, et attendait, les yeux fixés sur le roi. À un geste négatif de Sobieski, elle répondait par une moue expressive qui semblait dire : Il paraît que ce n’est pas cela. Elle reportait tout son butin dans l’eau, plongeait encore, et remontait avec la pièce désirée, une perche ou une truite.

Les Chinois, si patients et si habiles dans l’art d’instruire les animaux, ont de vrais équipages de Loutres qui prennent d’énormes quantités de poissons.

Pour empêcher la Loutre de déchirer sa proie, le pêcheur chinois lui enveloppe les canines d’un petit dé de cuir, comme il passe un anneau au cou des cormorans.

La domestication de la Loutre en Chine remonte à plusieurs siècles. Son éducation n’est qu’un jeu, un plaisir ; ce qui n’empêche pas qu’une Loutre bien dressée se vend plus de cent francs.

Son aspect est gracieux et sympathique. Son corps fusiforme, allongé, a la souplesse et l’agilité de la fouine ; par sa