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Page:Fulbert-Dumonteil - Portraits zoologiques.pdf/292

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LA LOUTRE.

tête ronde, ses lèvres blanches, son œil intelligent et son regard presque humain, elle ressemble un peu au phoque. Sa queue aplatie rappelle celle du castor. Elle a la patte courte et les doigts palmés des plongeurs, une fourrure légendaire, épaisse et moelleuse, à jamais célèbre dans les fastes de la chapellerie.

Le Castor fournit des chapeaux ; la Loutre produit des casquettes ; elle produit de très-honnêtes casquettes qui ont eu leur grandeur et leur décadence, et qui, démodées par le progrès et les chemins de fer, sont en train de disparaître avec le dernier conducteur de diligence.

Mais n’oublions pas que l’empereur Charlemagne portait un thorax ou gilet de peau de Loutre ; que Pierre le Grand se coiffait de cette fourrure aujourd’hui prudhommesque et débonnaire, et qu’à Plessis-lez-Tours le sombre Louis XI abritait son front terrible sous un chapeau de Loutre constellé de petites vierges de plomb.

La Loutre est essentiellement aquatique. L’eau est son domaine, et sa vie est une longue partie de pêche ; sa demeure est la fente d’un rocher, le creux d’un arbre au bord des eaux, de sorte qu’elle n’a qu’à faire un pas pour sauter du lit à table.

Sur terre, sa démarche est pénible et lente ; dans l’eau, c’est l’agilité, la souplesse et la grâce en personne.

Elle plonge, reparaît, glisse, ondule, se joue et se balance ; s’éloigne, revient, se tourne, se courbe, s’allonge ; saisit un poisson, le lâche, le reprend, l’apporte sur la rive, le tourne,