celui du lion. Fort comme un Hercule et doux comme un enfant, il se sert de sa puissance, mais n’en abuse jamais : qualité belle et rare, même chez l’homme. C’est le plus majestueux des chiens ; il se drape, pour ainsi dire, dans son indifférence, détourne avec lenteur sa tête somnolente et fatiguée, et marche moins qu’il ne traîne son importance d’un pas nonchalant et alourdi. C’est un monarque ennuyé, le roi fainéant de la race canine.
Là nous nous trouvons en face du Chien philanthropique
et vaillant du mont Saint-Bernard, à
l’aspect monacal et débonnaire. C’est
un rude montagnard, bravant les
neiges, les glaces et l’aquilon, l’avalanche et le torrent ; c’est un cantinier respectable et dévoué aux voyageurs, qu’il découvre jusque sous la
neige, qu’il ranime et qu’il ramène.
C’est un bienfaiteur étrange et désintéressé, dont le poste d’honneur
est un pic des Alpes, dont la mission, toujours remplie, est
de secourir et de sauver, j’allais dire son semblable.
Son rôle est une sorte d’apostolat, sa vie un dévouement, son histoire une légende. Depuis qu’il s’est retiré dans un monastère, il semble avoir quitté l’histoire naturelle pour entrer dans la Morale en actions.
Il aurait pu descendre dans la plaine, sous un climat moins rude, avoir sa ferme ou son château, une niche bien tiède, une place au foyer ; vivre ; oisif et libre, de la douce vie de famille. Il aurait pu être puissant et redouté.
Le Chien du mont Saint-Bernard a préféré s’isoler dans la région des frimas et se consacrer à la charité. C’est là qu’il