Page:Furetière - Le Roman bourgeois.djvu/339

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dépouillez les gens, vous attendez du moins qu’ils soient morts ; mais combien y a-t-il de juges, de chicaneurs et de maltotiers qui les sucent jusques aux os et qui les écorchent tout vifs ? Enfin, tout conté et tout rabattu, je trouve que vous meritez une epistre dedicatoire aussi bien que beaucoup d’autres. Je craindrois pourtant qu’on ne crust pas que c’en fust une, si je ne vous demandois quelque chose. Je vous prie donc de ne pas refuser vostre amitié à plusieurs pauvres autheurs qui ont besoin de vostre secours charitable : car l’injustice du siècle est si grande que beaucoup d’illustres, abandonnez de leurs Mecenas, languissent de faim, et, ne pouvant supporter leur mépris et la pauvreté, ils sont reduits au desespoir. Or, comme ils n’ont pas un courage d’Iscariot pour se pendre eux-mesmes, si vous en vouliez prendre la peine, vous les soulageriez de beaucoup de chagrin et de miseres. J’aurois fini en cet endroit, si je ne m’estois souvenu qu’il falloit encore adjouter une chose qui accompagne d’ordinaire les eloges que donnent à la haste les faiseurs de dedicace : c’est la promesse d’ecrire amplement la vie ou l’histoire de leur heros. J’espere m’acquitter quelque jour de ce devoir, dans le dessein que j’ai de faire des commentaires sur l’Histoire des larrons : car ce sera un lieu propre pour faire de vous une ample commemoration, et pour celebrer vos prouesses et vos actions plus memorables. En attendant, croyez que je suis, autant que votre merite et vostre condition me peuvent permettre,

Guillaume,

Vostre, etc.

Volaterran n’eut pas si-tost achevé cette lecture, que,