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souvenirs d’une actrice.

« N’ayez pas peur, me criait-on, ils ne s’en aviseront pas. »

En effet, tout se passa sans opposition. On rejoua plusieurs fois cette pièce, et chaque soir j’étais accompagnée par une foule de jeunes gens qui me suivaient jusque chez moi, dans la crainte qu’il ne m’arrivât malheur. M.  Brochon, ami de Barbaroux et de M.  Ravez, me reconduisit pendant longtemps. C’était un avocat d’autant plus estimé à Bordeaux, qu’il avait été le défenseur officieux de plusieurs accusés, dans un temps où cette noble mission n’était pas sans danger ; il fallait même avoir du courage pour accepter. Il eut le bonheur de sauver un assez grand nombre d’accusés : aussi était-il adoré des jeunes gens et considéré dans toute la ville.

On donna dans ce même temps l’opéra du Brigand, de Hoffmann ; je me rappelle ce couplet, parce que c’était à moi qu’il s’adressait dans la pièce :

Plus de pitié, plus de Clémence ;
Quand nous trouvons des factieux,
Envoyons-les en diligence
Aux enfers revoir leurs aïeux.